L'aigle (du septième sceau)

 

Je ne sais pas si son vol était perturbé

par quelques notes de guitare en harmoniques

peut-être aussi l'instrument brillant reflétait

les derniers feux d'un soleil rasant rien n'explique

qu'il ait tourné si haut si bien pour moi tout seul

ni pourquoi j'étais sûr de notre connivence

j'étais cire qu'on grave et pages du recueil

les tables de la loi l'ami des confidences


Il descendit plus bas un aigle presque blanc

il planait décrivant de larges auréoles

fond sonore musique du plus profond des temps

le vent qui le portait traduisait ses paroles:

"je vis près des étoiles au plus clair de l'éther

rien n'est plus vraiment pur vous êtes ma nuisance

cloaques nauséeux acides et amers

vos parfumeurs travaillent sur de tristes essences

et vous désespérez l'orage et le volcan

explosions navrantes que rien ne justifie

et même vous rendez gluants les océans

saboteurs de planète engendreurs de folie...

En ce temps-là pourtant s'ébattaient dans les champs

vos enfants votre espoir aussi votre jouvence

nos aiglons s'insinuaient aux tourbillons du vent

jouant à saute nuages au gré des ascendances

Maintenant vous avez piégé nos devenirs

comptables des méfaits de votre banqueroute

nous sommes condamnés interdits d'avenir

vous êtes sans raison sans scrupules sans doutes"


Puis l'aigle descendit entre lac et chemin

très près à peine une demi-portée de fronde

Il dit "demain trop tard pour protéger le monde

puisque de vous et moi il ne restera rien."



Jean-Pierre Lesigne