Mes poupées de chiffons

 

Sur le fil de la vie,

Deux petites colombes,

Mélissa et Julie,

Dansent près de leurs tombes.

Dans les murs du silence,

Leurs ailes repliées,

Les deux jolies mésanges,

Pensent à leurs poupées.

Petits morceaux d'enfance,

Princesses inachevées,

Vos yeux emplis d'absence,

Se meurent de rêver.

Vêtues d'un pan d'étoiles,

Du froid de vos prisons,

Vos larmes bleues s'étalent,

Sur l'ultime oraison.

Sur le fil de la mort,

Deux poupées sans défense,

N'iront plus sur le port,

Le port de l'espérance.

Graines d'enfants martyrs,

Les Dieux sont aux repos,

Les muses sans leur lyre

Frissonnant à fleur de peau.

Mes poupées innocentes,

Mes poupées de chiffons,

Dans la chapelle ardente,

Vous dormez, ainsi font,

Font les marionnettes.

Dans leurs souliers de bois

Brûlant vos jours de fête,

Dans le petit sous-bois.

Dans le sous-bois des roses,

Vous dansiez mes lutins,

Sous vos paupières closes,

Les feux se sont éteints.

Vous n'irez plus au bois,

Poupées de mon enfance,

Les chiens sont aux abois,

Il pleut sur vos souffrances.


à Mélissa et Julie,

Violées
Emmurées,
Mortes de faim.



Germaine Couchet


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